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 Publier ses résultats

 


 

 

            Nous avons vu, dans les chapitres précédents, qu’une recherche scientifique commence par poser un problème. Celui-ci doit pouvoir se formuler sous forme d’une ou plusieurs questions. Les hypothèses sont les solutions possibles que l’on se  propose de vérifier.

 

            L’étape suivante consiste à tester la validité de ces hypothèses. Il s’agit de construire un protocole expérimental qui permet d’obtenir des résultats dont l’analyse statistique évalue le niveau de leur significativité. Ces résultats se présentent sous la forme d’un rapport des résultats. La comparaison entre les hypothèses (quels devraient être les résultats ?) Et le rapport des résultats (les résultats sont ...) permet de conclure en  acceptant ou en  rejetant  les hypothèses qui avaient été formulées. La dernière étape consiste à discuter comment ces résultats peuvent être généralisés.

 

            Nous allons maintenant décrire les différentes étapes par lesquelles passe une recherche utilisant la méthode expérimentale.

 

 

1. La Formulation de la question.

 

 

            Ce paragraphe résume certains des éléments que nous avons exposés dans les chapitres précédents et apporte de nouvelles indications. Cette étape permet de réunir ce qui est nécessaire à la rédaction de l’introduction  d’un article dans lequel seront publiés les résultats du  travail scientifique effectué. 

 

 

 

 

1.1. Définir un titre.

 

 

            Le titre qui est l’en tête d’une publication, que se soit un mémoire ou un article, doit donner en une dizaine de mots les renseignements nécessaires pour situer le travail dans le champ de la recherche. Il permet au lecteur de le situer dans une problématique et de décider s’il va le lire ou passer son chemin. Il faut qu’il suscite l’intérêt par son originalité et sa concision.

 

            Il doit aussi résumer ce qui a été fait dans l’étude. Le lecteur doit se faire rapidement une idée des conclusions auxquelles ont conduit les résultats.

 

            Le titre et le nom des auteurs sont souvent la seule information dont on  va disposer à la suite d’une recherche bibliographique. Cela montre la nécessité que le titre apporte suffisamment de renseignements. De plus, lorsque la bibliographie est faite par moyens informatiques, le choix des articles retenus dépend des mots clefs qui ont été utilisés. Il est donc important que certains des  mots utilisés dans le titre soient semblables à ceux des mots clefs les plus usités. 

 

 

1.2. Le résumé.

 

 

            La plupart du temps la publication des résultats va nécessiter un résumé de 100 à 200 mots qui synthétise votre papier. Son but est de donner un aperçu général du travail afin que le lecteur décide s’il va prendre le temps de lire votre publication. Ainsi cela évite de lire la moitié d’un article avant de s’apercevoir qu’il ne correspond pas à ce que vous aviez compris en lisant le titre.

            Le résumé permet de se faire une idée sur le but, la méthodologie, et le résultat d’une recherche. Il doit être écrit avec concision et déjà donner les points principaux qui seront développés par la suite.

 

 

1.3. Définir le problème.

 

         La question que l’on a décidé d’aborder, se formule d’une manière explicite et générale en quelques phrases.  Le lecteur doit comprendre rapidement quel est le modèle théorique utilisé pour poser le problème. S’il s’agit d’un modèle récent et peu connu, il doit être présenté complètement avec les références bibliographiques majeures.

            Il faut aider le lecteur à saisir  comment vous êtes arrivé à vos hypothèses et quelles sont les expériences que vous comptez faire.

 

 

1.4. Etat de la question.

 

            La publication doit indiquer quel est l’état de savoir sur le problème que l’on va traiter au moment où on engage ses propres travaux. Il faut faire la description des différentes positions qui ont cours sur la question ainsi que des faits empiriques sur lesquels elles s’appuient. Le travail rentre-t-il dans une controverse ? Propose-t-il d’en élucider certains aspects ?

            Il est utile d’exposer l’importance du sujet en rapport à l’état des connaissances du moment et comment il se relie aux grandes interrogations scientifiques.

 

 

1.5. Formuler des hypothèses.

 

            . Il faut comprendre qu’il y a une progression, dans l’exposé, d’une description générale d’une question à des hypothèses spécifiques. Il s’agit là de donner, explicitement,  les hypothèses qui vont être testées comme solution possible au problème.

 

 

 

2. Méthodologie :

 

 

            Cette partie sert à décrire en détail comment le travail expérimental a été fait. Il doit permettre au lecteur d’avoir suffisamment de renseignements pour pouvoir refaire exactement l’expérience. La description de la manière dont vous avez procédé autorise un autre chercheur à soulever des questions sur votre protocole auxquelles vous n’avez pas pensé.

 

 

2.1. la méthode de sélection des sujets.

 

 

            Habituellement on décrit les sujets qui sont rentrés dans l’étude. De qui s’agit-il ? De patients ou d’étudiants ? Il est nécessaire de préciser combien de sujets sont rentrés dans le protocole avec quels critères d’inclusion et d’exclusion. Comment s’est fait l’attribution dans les groupes  ? Par tirage au sort ? Par appariement ? En fonction de critères cliniques ?

 

             Dans les cas où des groupes cliniques sont constitués, il est utile de préciser les critères diagnostiques utilisés, les échelles d’évaluation utilisées. Les diagnostiques ont-ils étaient portés par des cliniciens extérieurs à l’étude ? S’ils étaient plusieurs pour faire l’évaluation de chaque patient quel est le niveau de corrélation de leur jugement ? Les critères de sortie de l’étude doivent être explicités et le nombre de sujets qui en sont sortis.

           

            Si on utilise un groupe de contrôle, comment a-t-il était constitué ? 

 

            Enfin un tableau récapitulatif des caractéristiques des sujets dans chaque groupe est fourni précisant leurs caractéristiques socio-démographiques et cliniques.

 

 

 

 

2.2. La définition des variables.

 

 

            Les variables indépendantes qui vont être manipulées dans le protocole ainsi que les variables dépendantes qui vont être mesurées sont présentées.

 

            Ensuite les variables externes qui peuvent modifier les résultats sont décrites. On explicite les moyens que l’on a choisis pour contrôler l’effet de chacune.

 

 

2.3. La description du plan expérimental.

 

 

            Il convient de définir de quelle manière les sujets seront mis en présence des différents niveaux de la ou des variables indépendantes, afin que l’on puisse statuer sans ambiguïté sur le rôle de cette ou de ces variables. Quelles sont les variables inter-groupes ? Les variables intra-groupe ? S’agit-il d’un plan inter-groupe,  intra-groupe ou mixte ?

 

 

 

2.4. La définition du protocole expérimental.

 

 

            Dans ce paragraphe on expose quels sont les caractéristiques des stimuli qui sont délivrés aux sujets ainsi que la manière dont ils ont été constitués et qu’ils  seront présentés aux sujets.

 

            Dans une tâche de décision lexicale, on donnera la durée de présentation des stimuli, la valeur du SOA entre le mot amorce et cible, l’intervalle inter-stimuli (la durée entre deux mots amorces). On expliquera aussi comment les listes de paires de stimuli ont été confectionnées.

 

            On indique également comment les réponses seront recueillies, quelles seront les fenêtres de mesure des réponses, les critères de rejet de ces réponses.

 

            Enfin on explique quelles sont  les consignes de l’expérience et comment elles sont transmises aux sujets ainsi que les conditions de passation des différentes tâches.

 

 

 

2.5. La description des appareils utilisés.

 

 

            Dans la plupart des protocoles expérimentaux, des appareils sont utilisés pour présenter les stimuli et enregistrer les réponses. Il faut décrire ces appareils ainsi que les réglages qui sont utilisés pour l’expérience.

 

            En particulier, dans les travaux qui utilisent les techniques psychophysiologiques, on précise les conditions d’enregistrements des événements bio-électriques qui seront mesurés (bande passante des amplificateurs, position et impédance des électrodes, technique de filtrage du signal, sa fréquence d’échantillonnage).

 

 

 

2.6. Le choix de la méthode statistique.

 

 

            Le chapitre méthodologique se termine par la présentation des tests statistiques que l’on va utiliser pour accepter ou rejeter l’hypothèse nulle. On va, à priori, déterminer les procédures statistiques pertinentes suivant les hypothèses formulées et le plan expérimental utilisé. Le niveau de signification pour les effets principaux et les interactions sera aussi choisi à ce moment.

 

 

3. Les résultats.

 

 

            L’objectif de cette partie est de présenter les résultats des expériences et de dire si ces résultats sont significatifs ou non  du point de vue statistique. Classiquement des tableaux des graphiques ou des figures permettent au lecteur de visualiser vos résultats.

 

            On choisit de présenter certain de ces résultats soit dans le texte écrit, soit par les illustrations qui viennent d’être évoquées. La règle est la suivante : un même résultat n’est pas présenté sous 2 formes différentes. Suivant l’importance que vous leur  accordez vous utilisez l’un des moyens de présentations. De plus les abréviations sont explicitées en bas des tableaux, des graphiques ou des figures. Les titres des illustrations sont explicatifs. Utilisez les mêmes échelles pour toutes les figures, les mêmes mises en page pour tous les tableaux. Vérifiez que l’échelle utilisée pour un graphique montre clairement le phénomène que vous voulez mettre en évidence. Dans le cas d’un article, chacune des illustrations doit être faite sur une feuille séparée avec un renvoi dans le texte écrit.

 

            A chacune des hypothèses de l’introduction doit correspondre un ou des résultats et leurs statistiques. Le lecteur doit clairement pouvoir faire la part de celles qui sont vérifiées ou non.  Sauf exceptions,  on ne rapporte que les effets significatifs qui sont liés aux hypothèses.

 

 

4. La discussion.

 

 

            Dans cette partie vous êtes libre d’examiner, d’interpréter vos résultats et de tirer les conséquences de ceux-ci.

 

            Classiquement, la discussion comprend trois parties.

 

             Dans la première,  vous présentez vos principales trouvailles. Il convient de formuler comment on peut remonter des résultats aux hypothèses de l’étude.

 

            Ensuite vous attirez l’attention sur les limites de votre travail. Peut-il exister des explications  alternatives à mes résultats qui rendraient compte de ce que j’ai observé ? Mes variables indépendantes sont-elles la cause profonde de ce que j’ai étudié ? Certaines variables externes, que je n’ai pas pensé à contrôler, ont-elles pu contaminer mes résultats ? Vous devez alors réinterpréter ceux-ci en fonction de ceux-là. Vous indiquez aussi comment ces résultats peuvent être généralisés : en fonction de la manière dont les sujets ont été sélectionnés dans chaque groupe de pouvoir généraliser les résultats à l’ensemble de la population. Cela dépend, en autre de la représentativité de vos échantillons.  On hésite parfois à inclure ces points dans la discussion de peur de réactions critiques face au travail. C’est un point essentiel de la discussion qui montre que l’auteur est capable de reconnaître les limites de son étude. Cela joue en sa faveur.

 

            Dans la dernière partie, vous allez confronter vos résultats à ceux des autres travaux publiés dans le même domaine et expliquer en quoi ils sont semblables ou différents.  De plus vous avez à expliquer en quoi votre travail accroît la compréhension des phénomènes que vous venez d’étudier et prend place dans le champ des connaissances scientifiques.

 

            Alors que vos résultats sont là pour toujours, les  interprétations de ceux-ci fluctueront en fonction de la compréhension plus profonde que vous acquerrez du phénomène, au cours du temps et de l’expérience. 

 

 

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