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La diffusion de la prégnance de la Raison ou La présentation de l'homme et du monde à l'homme 1er partie

Posted by Jean-Paul Laurent (manager) on 01/08/2015
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Je souhaite présenter quelques réflexions sur une articulation possible entre le domaine anthropologique et celui somatique de la construction de la Raison. Pour ce faire je convoque deux ouvrages qui me serviront de poteaux d'angle:

 Thom, R. (1990). Apologie du Logos. Paris, Hachette.

Legendre, P. (1998). Leçons I. La 901e Conclusion. Etude sur le Théâtre de la raison. Paris, Fayard

Partons de cette remarque que la Raison est une construction anthropologique qui résulte d”un montage dans lequel la mise en scène de la légitimité de la parole est le point central. Sur quoi fonder cette légalité de la parole ? Pourquoi ne me vient-il pas habituellement à l”esprit que je puisse être le Christ ou Napoléon ou le Président de la République ainsi qu”il le vient si facilement à celui d”un délirant? Qu”est-ce qui m”assure que mon esprit ne sorte pas du sillon? Rappelons que l”étymologie latine du mot délire signifie “de”=”hors du” “lira”=”sillon”.

Depuis plus d”une vingtaine d”années Pierre Legendre creuse son sillon et crée une oeuvre qui propose, entre autre, des réponses à ces questions. L”ouvrage cité ci-dessus est une pierre angulaire dans la reformulation du problème des montages de la Raison. Il s”articule autour de deux propositions: la nécessité de “la présentation de l”homme et du monde à l”homme au travers du travail du signe langagier” et de “la production de la scène du garant”.

 

La première proposition, portant sur la mise en scène de l”homme et du monde par le langage, pose d”une part que le questionnement sur la raison de vivre et la raison des choses est inexpugnable. D”autre part que ce dernier prend appui sur la structure ternaire du signe langagier, la construction du Tiers assurant  la capacité de décoller de l”opacité sans mot de la chose pour en faire un objet humain. C”est ainsi que l”éducation conduit  l”enfant de la place insensée (ce qu’ Héraclite résume sous la formule “la royauté d”un enfant” [paidos è basileia] ) vers le rapport à un Tiers institué faisant écran à l”Abîme sans parole et garantissant l”écart entre les mots (signifiant) et les choses (signifié). Dit simplement  l”enfant doit apprendre qu”il n”est ni le dieu créateur du langage ni l”ancêtre de lui même et que c”est à ce Tiers que revient de le fonder. Le petit homme se reconnait dans ce Tiers qui le met en scène en tant que sujet séparé et s”en trouve par là authentifié.

 

 

Ce qui fait le signe à la fois normatif, et fondé en Raison,  résulte de ce qu”une société  crédite le système de signes d”être médiateur entre le sujet et la réalité. Le langage comporte une dimension institué, hors de portée du sujet parlant, il n”est la propriété propre d”aucun sujet. En ce sens il est un bien indisponible de la communauté humaine qui le construit selon ses propres conditions d”allégeance au pouvoir des signes et à la croyance au signe.

 

La seconde proposition, sur la production de la scène du garant au sein de la culture, vise à interroger le phénomène social en le rapportant à la problèmatique du langage. Comment une société donne statut à la scène intérieure de l”homme, authentifie la relation du sujet à soi et au monde? Il n”est pas utile à mon propos que je présente ici en détail la réponse que formule P.  Legendre. Je renvoie pour cela mon lecteur à la lecture du chapitre II “Produire la scène du garant. La totémisation des sociétés”  (op.cit. pp 227-393) pour y alimenter sa réflexion.

 

 

 

Dans une seconde partie je présenterai les propositions de R Thom sur la distinction entre saillance et prégnance et dans une dernière  partie je proposerai mes réflexions sur la schizophrénie.

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

Last changed: 06/12/2018 at 16:21

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